mercredi 17 décembre 2008

Lettre écrite pour le buffet littéraire du 17-12-08




Cher ami,

Il y a bien longtemps que je ne t’ai écrit. Nous nous sommes beaucoup écrit à une certaine époque Et ça s’est arrêté doucement. Je regrette un peu ce temps où nous prenions le temps de dire par écrit ce que nous pensions, ce que nous ressentions, le temps où nous nous installions dans nos mots, en sachant que l’autre allait lire plus tard ce que nous étions en train de lui écrire maintenant.

Depuis ce temps est apparu l’Internet et les e-mails, le téléphone portable et les SMS. Ce sont de nouveaux supports qui nous permettent de correspondre avec l’autre. Et, bien que nous utilisions la même langue pour nous adresser à lui, on est moins regardant sur la forme, il y a chez certains (jeunes) une façon tout à fait particulière d’utiliser la langue, d’écrire phonétiquement en ne se souciant plus de l’orthographe, de la syntaxe. L’essentiel est d’aller vite, le plus vite possible et de le montrer à l’autre. Cela n’obère pas les capacités cognitives, émotives, sensibles, ça les condense, ça les accélère, j’allais dire ça les allège. On attend la réponse de l’autre vite, très vite, comme s’il s’agissait de réduire au maximum l’écart qui me sépare de lui. Et souvent on fait autre chose en même temps, on regarde un clip, on fait ses devoirs, on joue à un jeu électronique, bref on a d’autres objets d’occupation en parallèle et tout ça sur le même support : le bureau virtuel. De fait on est pré-occupé. Avant même d’être occupé.

Nous sommes à l’époque de la simultanéité, de la rapidité, du zapping généralisé qui permet d’être extrêmement réactif, sur plusieurs fronts, d’avoir une vision afocale, horizontale, réticulaire de la réalité. On ne veut plus consacrer trop de temps à une seule activité à la fois, on laisse venir et si ça ne vient pas, on met de côté, en stand-by, quitte à y revenir, et en attendant, on poursuit ses autres activités.

Alors écrire, profiter de l’absence de l’autre (en l’occurrence la tienne) pour me rendre disponible à ma propre altérité, en laissant venir ce qui n’était pas prévu, en cherchant les mots pour dire, en ne les trouvant pas, en effaçant et en recommençant, en m’accordant du temps pour construire mon propos, en faisant en sorte que ça tienne, que ça soit lisible et que ça fasse sens, ça peut paraître un peu dépassé, voire un peu monomaniaque aux yeux de certains.

La relation épistolaire a changé. La lettre écrite et adressée à l’autre sur du vrai papier à lettres, pliée, mise sous enveloppe, affranchie et déposée dans une boîte postale a peut-être vécu. Elle subsistera encore, de façon marginale, comme signe, nostalgie de ce qui fut, au même titre que le Trans-Europ-Express subsiste comme véhicule de la mémoire ferroviaire de la vieille Europe. Voilà, cher ami ce que je voulais dire, te dire. J’aimerais avoir ton avis sur la question. Je te laisse à présent car la dernière levée du courrier du jour se fera d’ici un quart d’heure et je voudrais que cette lettre te parvienne - si j’ose dire- rapidement.
Ma vieille amitié.
François

dimanche 14 décembre 2008

Sand et Flaubert : échanges épistolaires entre amis

Sand et Flaubert : échanges épistolaires entre amis

Observatoire - Ecriture et image - Peinture et poésie chez Henri Michaux :: Fondation La Poste

Observatoire - Ecriture et image - Peinture et poésie chez Henri Michaux :: Fondation La Poste

... ..... Anti(académisme)... .... ............ ........ [Si quelqu'un veut continuer sur la lancée, j'en serais ravi...]

[C'est le soir. L'un et l'autre se font face. Dès qu'ils bougent, le craquement des vieux meubles se fait entendre.]


  • (L'un.) N'avez-vous jamais remarqué cette correspondance entre l'outil que l'on utilise et la pensée qui nous traverse?

  • (L'autre.) Une seule fois, peut être, mais en rêve. (Un temps.) C'était chez mamie. Figurez-vous qu'un de mes outils, un marteau en l'occurrence, s'enticha d'une petite pensée de l'autre coté de la fenêtre. Et mon marteau de commencer une correspondance journalière avec sa promise, lui vantant la beauté de ses pétales, d'un orange si rayonnant qu'une braise en pleurerait.

  • (L'un.) Lyrique votre marteau. Mais je parlais d'une correspondance plus abstraite. Vous savez, vous, l'homo habilis devenu homo sapiens, d'aucun dirait sapiens sapiens, (Un temps long.) utilisant l'un de ses outils pour coucher sa pensée.

  • (L'autre) Quelle drôle d'idée. Coucher avec ses pensées. (Un temps.) Ne vous méprenez pas, mon marteau n'a fait que correspondre avec sa muse. Il était d'ailleurs bien trop brusque pour oser la toucher. Mais dites-moi, vous en connaissez, vous, des outils écrivant autre chose que des lettres d'amour?

  • (L'un) Parfaitement. Les plumes d'oie.

  • (L'autre) Je ne vois pas le rapport.

  • (L'un.) Pensez donc aux curés du moyen âge. (Un petit sourire au coin des lèvres.) Les moines copistes, cela vous dit quelque chose? ( Le sourire devient moqueur) Eh bien, laissez moi vous dire qu'ils n'avaient ni rotatives, ni imprimantes, pour accomplir leur mission... (De plus en plus moqueur.) Ils les ont écrit avec des plumes d'oies, toutes leurs histoires. (Un temps.) Vous comprenez?

  • (L'autre.) Rien du tout.

  • (L'un) Vous m'accorderez donc qu'à l'outil plume doit correspondre une écriture, en plein et en déliés par exemple. Comme au fusain correspond une manière de dessiner autre que celle du crayon.


[Une lumière s'allume.]


  • (L'un, en aparté.) C'est tout moi ça, se laisser emporter par une pensée, sans aucun outil pour la faire ralentir. On ne me fera pas croire que la bible est aussi longue parce qu'en la recopiant, avec leur satanée plume, les moines y ont ajouté leurs pensées pour égayer la tâche... (Songeur.) L'histoire est trop simpliste. Mieux vaut faire profil bas.

  • (L'autre, à part aussi.) C'est tout de même bizarre cette histoire de correspondance entre outil et pensée. Je flaire le conditionnement! Ne nous laissons pas faire. (A l'un.) Vous disiez donc?

  • (L'un.) Oh vous savez, j'en dis des choses.

  • (L'autre.) Et sur les correspondances, n'en parlons pas. Cette histoire d'homo habilis et d'homo sapiens, tout de même!

  • (L'un.) Que voulez-vous...


[L'un et l'autre se lèvent, échangeant leur place.]


mercredi 19 novembre 2008

la liseuse à la fenêtre - Google Recherche d'images

la liseuse à la fenêtre - Google Recherche d'images
C'est bien Romain, tu as repris le mail que j'ai envoyé aux personnes contactées pour la 1ère réunion du buffet littéraire. La deuxième réunion aura lieu le 10-12 à 20h comme prévu. Le thème retenu est: "correspondances". Ce sera le fil rouge de cette soirée. Ce mot est suffisamment ouvert pour qu'on puisse l'entendre de différentes façons:
-Poétiquement (cf Baudelaire),
- comme genre littéraire :les correspondances epistolaires, les romans epistolaires,
- comme pont entre littérature et d'autres arts -plastiques, notamment.

lundi 17 novembre 2008

PRESENTATION.

Le principe du buffet littéraire tient en 2 mots clés : lire et parler. On pourrait en rajouter un troisième ponctuellement : écrire.

Lire car je pense que la dimension orale amène une perception différente à certaines oeuvres littéraires (poésies, nouvelles, théâtre, contes, voire morceaux choisis de romans etc.).
Toute production littéraire ne se prêtant pas à la lecture publique, on peut envisager dans la deuxième partie de la soirée (ou vice versa) de parler d'une oeuvre que chacun aura lue au préalable.

Nous avons donc 2 parties distinctes:
- la première consistera à lire un texte ( un temps sera proposé après pour faire éventuellement des commentaires )
- la deuxième consistera à parler d'un oeuvre lue par chacun en privé.

Quant au troisième mot clé "écrire" on pourrait envisager pour ceux que ça intéresse, d'organiser ponctuellement des séminaires d'écriture en groupes sous forme d'ateliers.

Voici donc succinctement exposé le projet "buffet littéraire". La première réunion saura lieu le mecredi 12 novembre. Dernier point: la lecture publique n'est pas une obligation et je comprendrai tout à fait que certains ne souhaitent pas se livrer à cet exercice.

Pour le reste (choix des textes, des thèmes, des ouvrages...) nous en discuterons ensemble lors de la première réunion.